Huards et bernaches s'enfuient toujours plus au Nord
Car ici se décomposent les poissons naguère argentés
Et flottent à la dérive leurs carcasses à ciel ouvert
Sur de grandes taches d'huile et d'essence mordorées.
La ramescence soudaine des longues herbes phosphatées
Repousse les enfants à jouer désormais hors des plages;
Seule dans les sous-bois poussiéreux la chouette assoiffée
Supplie le soleil de scinder les sources aux flancs des rochers.
J'avironne doucement du bout des ailes à peine déployées,
Caressant l'eau noire et profonde des fééries matinales;
La mauve demoiselle repose un moment sur mon genou plié
Et disparaît aussitôt comme un feu follet dans la braise.
Opiniâtre, le castor atavique s'apprête déjà à trimer dur,
Dévorant à la nage beau temps mauvais temps les lieux marins
Où comme un dieu trempé au pied des héronnières désertes,
Il érigera ses palais silencieux à l'abri des gouffres humains.
Et dès lors je me baigne transparente dans l'azur dépeuplé
Entre les algues bleues, les nénuphars fanés et les criques,
Noyant des rêves désolés sous le chavirement des heures
Dans les anses tranquilles et l'ombre des baies polluées.
J'aurais voulu apprendre aux enfants les fleurs écumeuses
De l'onde nivéale jusqu'en ses fêlures dorénavant sanglantes;
Des poissons dansant sous les rayons coiffés de lumière
Au fond de leurs ivresses et au coeur de leurs joies innocentes.
Parfois aussi j'aurais voulu montrer à leurs pères téméraires
Comment il est néfaste de posséder plus d'argent que de tête,
Alors que leur inconscience meurtrière ne se lasse point, hélas!
D'ignorer les rythmes de la vie et de céder à ceux de la mort.
Lac McGregor, (Outaouais) Qué, 1978
Car ici se décomposent les poissons naguère argentés
Et flottent à la dérive leurs carcasses à ciel ouvert
Sur de grandes taches d'huile et d'essence mordorées.
La ramescence soudaine des longues herbes phosphatées
Repousse les enfants à jouer désormais hors des plages;
Seule dans les sous-bois poussiéreux la chouette assoiffée
Supplie le soleil de scinder les sources aux flancs des rochers.
J'avironne doucement du bout des ailes à peine déployées,
Caressant l'eau noire et profonde des fééries matinales;
La mauve demoiselle repose un moment sur mon genou plié
Et disparaît aussitôt comme un feu follet dans la braise.
Opiniâtre, le castor atavique s'apprête déjà à trimer dur,
Dévorant à la nage beau temps mauvais temps les lieux marins
Où comme un dieu trempé au pied des héronnières désertes,
Il érigera ses palais silencieux à l'abri des gouffres humains.
Et dès lors je me baigne transparente dans l'azur dépeuplé
Entre les algues bleues, les nénuphars fanés et les criques,
Noyant des rêves désolés sous le chavirement des heures
Dans les anses tranquilles et l'ombre des baies polluées.
J'aurais voulu apprendre aux enfants les fleurs écumeuses
De l'onde nivéale jusqu'en ses fêlures dorénavant sanglantes;
Des poissons dansant sous les rayons coiffés de lumière
Au fond de leurs ivresses et au coeur de leurs joies innocentes.
Parfois aussi j'aurais voulu montrer à leurs pères téméraires
Comment il est néfaste de posséder plus d'argent que de tête,
Alors que leur inconscience meurtrière ne se lasse point, hélas!
D'ignorer les rythmes de la vie et de céder à ceux de la mort.
Lac McGregor, (Outaouais) Qué, 1978