vendredi 13 juillet 2012

Canicule



Pire qu’une Madeleine, pire qu’une fontaine
Jamais je ne boirai de ton ô, toi la belle hautaine

Dans un pays aussi cruel qui n’est pas le mien
Déterrer des guerres sorties de leurs poussières
Comme celle de 1812 qu’on a fêtée en pompes
Et en artifices sur des collines parlementaires
Laissant là sans sépultures mes  comPatriotes nés
Un siècle trop tôt et oubliés un siècle trop tard.

L’aurore rouge a annoncé un  printemps rouge
Puis le sang de l’érable a coulé dans nos veines
Mais l’Aurore rouge a eu la peau de J.F. Kennedy
Attends-toi, qu’elle aura la tienne avant l’automne.

Voilà de quoi seront remplis nos paniers d’épicerie
Avant la fin de ma génération pas du tout spontanée :
Des mésons, des pions,  des fermions, des muons
Des protons, des électrons et des bosons évidemment. 

Dans un pays aussi cruel qui n’est pas le mien
Les enfants d’aujourd’hui seront-ils malgré eux 
Les hommes et les femmes que demain attend
Pour nourrir les fins de jour des devenus inutiles.

Pire qu’une Madeleine, pire qu’une fontaine
Jamais je ne boirai de ton ô, toi la belle hautaine

Zut! Mon tomatier souffre de scoliose vertébrale
Malgré tout ses tomates seront certes savoureuses
Hier,  le mercure a  atteint des records peu banals
En  cet été,  où le magnolia aura fleuri deux fois 
Plutôt qu’une  ... goutte de sueur sur mon front.

Juillet 2012-07-07

mardi 26 juin 2012

Sur la plage des Raisins Clairs



Sur la plage des Raisins Clairs,  je cherche le petit grain de sable
Inséré dans la machine infernale d’un monde occulte effroyable.
Je m’abandonne toute à l’amer que charrie ce siècle sans lumières
Éteintes par les malversations d’aujourd’hui et aussi celles d’hier.

Sur la plage des Raisins Clairs, je cherche le petit grain de sable
Interdit de séjour dans le monde des merveilles qui nous accable.
Je frissonne des chansons mortes et turlute de muettes  prières
Qu’on ne dit plus que durant les insomnies des nuits solitaires.


Sur la plage des Raisins Clairs, je cherche le petit grain de sable
Enfoncé au fond de la gorge des résignés à leur sort lamentable.
Pendant que mille autres 1% se vautrent dans les cours-arrières
De leurs châteaux en Espagne défendus comme des sanctuaires.

Sur la plage des Raisins Clairs, je cherche le petit grain de sable
Celui qui s’indigne et celui qu’on massacre et poivre en diable.
Je résiste tant bien que mal à l’assaut du chant des guerrières
Qui viennent pleurer au creux de mon épaule en bandoulière.

Sur la plage des Raisins Clairs, je cherche le petit grain de sable
Rempli de lui-même et hargneux parfois contre son semblable.
Je perds le souffle de le voir  s’arracher ainsi de force la crinière
Y plantant à la place des mots durs qui torturent et désespèrent.

Sur la plage des Raisins Clairs, je cherche le petit grain de sable
Chargé d’humilité où la fierté, à défaut de prospérité durable
Gonflera le facteur humidex au-delà des T. ressenties délétères
Je sue et transpire, et je nage pas très loin des fraîches grenouillères.

Sur la plage des Raisins Clairs, j’ai trouvé un  petit grain de sable
Couché sur mon oreiller, l’oeil grand ouvert sur le printemps érable
Les deux pieds dans un carré (de sable) couleur rouge sanguinaire
Les bras croisés sur son corps avec écrit Anonymous  à la boutonnière.

22 juin 2012