mercredi 29 mai 2013

Ocean Rock Hotel






Les mots de la mer ont mis de l’embrun sur mes lèvres.  Pendant que l’écume vient à la bouche des vagues en s'écrasant sur la plage,  du sable s’incruste sous mes pieds mouillés.   D’un geste flou, le gris de la mer teinte mes journées de même couleur.  À l'aller et retour des nuages,  des hirondelles de mer et des pluviers siffleurs sifflent des saluts amicaux aux marcheurs qui protègent leurs nids.

Hier soir, habillée de sa  robe diaphane, la pleine lune a mis la mer dans un état second.  Il fallait voir, et surtout entendre la fureur griffée d’encre et de pluie avec laquelle, cette dernière se jetait sur la plage dans un fracas aussi grisant qu'affolant. Ce bruit  m'est resté figé dans la tête depuis.  

Ce matin, des tas d’algues brunes jonchaient la plage devant l'Ocean Rock Hotel. Profondément  ensablés,  des souvenirs ont resurgi soudainement de ma mémoire.  Là-bas, sur les flots grossis par le temps encore mauvais, les fantômes de mes vingt ans surfaient comme des oiseaux du paradis.   Puis dans mon cou, le souffle du vent m’a  rappelé des visages, des baisers, des rêves brisés aussi, bref, tous les maux de la mer. 

Old Orchard Beach, Maine

24.05.2013

mardi 28 mai 2013

Kennebunkport, Maine: Un monsieur un peu spécial

Photo prise à Kennebunkport,  le 22 mai 2013


Durant les belles années 60,  j'ai rencontré à cet endroit un personnage un peu spécial (lire: étrange) qui disait s'appeler "Russell" .  Ce jour-là, nous visitions la petite église située à proximité.   Ce monsieur, qu'on a d'abord pris pour ... un  curé*,  est apparu soudainement dans les parages.  Dès qu'il nous a aperçus,  et intrigué par notre accent francophone, c'est avec une grande gentillesse qu'il nous a invités,  mon compagnon et moi,  à venir partager un petit goûter avec quelques-uns de ses amis dans sa maison (à gauche sur la photo) sise sur un rocher, au bord de la mer.

Une invitation présentée de façon aussi généreuse ne se refusait pas.

En pénétrant chez lui, et impressionnés par les lieux de notre hôte, on ne put s'empêcher de lui en faire part.  C'est à la blague qu'il nous déclara aussitôt que nous devions considérer cette demeure comme son
 shack. Apparemment, il possédait  bien d'autres résidences à travers le monde.

Dans le salon, il nous présenta ses amis, quelques hommes et une ou deux femmes seulement. Des gens  sobrement vêtus, polis, causant à voix basse, mais intéressés surtout à savoir d'où nous venions.  Puis on nous a servi du champagne et des petits canapés.  Je me souviens encore, entre autre,  que dans l'immense pièce donnant sur la mer,  trônait alors un grand piano blanc.  Je n'en avais jamais vu de pareil avant ce jour. 


Enfin,  ce n'est que beaucoup plus tard (mettons, très récemment en fait ...!!!),  que j'ai su de quoi il en retournait avec ce M. Russell.

ICI

* curé: à l'époque, on ne connaissait que ça, des curés ...!  Mais comme on étaient jeunes,  notre ignorance et notre naïveté nous ont empêchés de nous méfier de cet étrange personnage.  Aujourd'hui, rien que d'y penser, j'en ai la chair de poule.